Le seuil
Le seuil, c’est un lieu de passage, entre le dehors et le dedans,
C’est le lieu des bonjours et des aux revoir,
C’est un lieu d’accueil et un lieu de départ,
C’est le lieu où l’on dépose ses chaussures, où on les frotte sur le paillasson, espérant ne pas ramener chez soi la boue du dehors.
C’est un espace minuscule où une porte s’entrouvre, se ferme, se claque.
Et c’est aussi une image de l’entre deux, entre le soin et le quotidien, entre la précarité de la vie d’avant et la vie future à imaginer.
C’est à la limite de la pauvreté, et la frontière de la tolérance à la douleur. C’est aussi ce temps suspendu entre la vie et la mort.
Le lieu d’accueil
Passerelle entre soins et accompagnement de la grande précarité, le LAM, Lits d’Accueils
Médicalisés géré par l’Association le Pont à Montceau les Mines est unique en Bourgogne Franche-Comté. Recevant un public sans domicile, ou au domicile insalubre, isolé socialement et souffrant de plusieurs pathologies et/ou addictions, voire en soins palliatifs, ses équipes de soignantes et de travailleuses sociales savent qu’elles sont engagées dans des liens longs, profonds et humains avec leurs résident.es, qui pour certain.es sont là depuis plusieurs mois, ou plusieurs années. Les accompagnements peuvent se faire ici jusqu’au décès et même jusqu’à la veillée collective des personnes décédées.
Ce lieu est donc un foyer, une maison, un lieu de vie qui tente d’allier l’intime et le collectif, l’accompagnement social, amical et le soin. C’est un lieu où l’on accueille, on gère, on accompagne, on tente de réparer « la catastrophe sociale et somatique », comme nous l’ont dit les professionnelles qui y travaillent.
Invisibles parmi les invisibles, les personnes qui résident ici sont souvent sans famille, parfois sans pays, et sans soutien autre que celui qui leur est donné au sien de ce lieu sécurisant.
Les médiations
De seuil à seul, mots voisins de chambre de dictionnaire, il n’y a qu’une seule voyelle de différence et c’est dans cette petite lettre ajoutée ou enlevée que va se situer tout l’enjeu de cette médiation thérapeutique et créative. Faire en sorte que le SEUL devienne SEUIL.
Faire en sorte que les portes s’ouvrent.
Par des médiations qui proposeront musique, chant, écriture, peinture, argile, photographies, les intervenant.es iront à la rencontre des résidents et leur proposeront de déposer leur vécu et de le transformer.
L’action déroulera dans le creux de l'hiver quand les fêtes de fin d'année peuvent être des moments délicats pour les personnes isolées, souvent dénuées de liens familiaux et amicaux.
Elle se terminera par la création d’un spectacle ouvert au public durant lequel le foyer, ses chambres, ses couloirs, son réfectoire et ses bureaux seront transformés en une multitude de petites scènes.
