familles d'aujourd'hui

A la demande de la CAF 71 et en prévision d’une journée destinée aux professionnel.les de l’accompagnement parental prévue le 4 octobre 2022, Rêver Tout Haut recueille des témoignages de familles homo-parentales et de familles reconstituées, qui de par l’inventivité de leur parcours ont bien des choses à faire partager.

Vu la richesse de ces expériences familiales, nous réfléchissons à comment les rendre visibles dans un cercle plus élargi, car oui, ces familles d’aujourd’hui et leurs conceptions des liens d’affection ont des choses très utiles et très émouvantes à faire passer.



Aurélie

«Moi j’ai toujours souhaité être maman mais j’ai pas choisi ou pas trouvé le cadre amoureux où tu te dis, on est très amoureux alors faisons un enfant ou alors, on n’est plus très amoureux, on a fait le tour, alors faisons un enfant. Je n’étais pas dans ce schéma et j’ai jamais eu une relation avec quelqu’un qui me faisait me projeter, en me disant je veux cette personne comme père pour mes enfants, jamais.
Mais j’avais très envie d’un enfant et qu’il soit heureux sur cette terre, et qu’il puisse peut-être changer le monde si je lui donne les bonnes clés en main.
Et un jour, je passe un week end avec un couple de copains, un couple d’hommes, homo, des amis proches, et ils me disent qu’ils étaient sur le point de faire appel à une mère porteuse aux états-unis.
Et je leur ai dit, mais pourquoi vous faites pas ça avec une amie ? Et ils m’ont dit, ben tu voudrais ? Et le mois suivant, c’était fait !»

«Les garçons, ils ont déterminé entre eux qui serait le père biologique, je les ai laissé décider, c’est leur popote. Donc notre fille a un papa biologique qu’elle appelle Papa et c’est celui qui est déclaré en mairie et elle a un deuxième papa, qu’elle appelle Papou.
Et maintenant Papou fait des démarches pour une adoption simple, c’est un juge qui prend la décision et on espère que ça va passer. Ça va rien changer pour elle, mais pour lui ça va changer, ça va le rassurer. Je vois qu’il est pas serein de sa place, il se sent légitime devant nous mais pas devant la loi.»


Etienne

«Moi j’étais un garçon qui voulait être une fille, je jouais à la poupée, je me déguisais en fée, je m’étais fait un costume de majorette pour faire comme ma sœur.
Et mon père, qui était boxeur et plutôt macho, il m’a laissé faire.
Mes parents m’aimaient et m’acceptaient sans se poser de questions.
Lors d’un carnaval, où j’étais déguisé en fille, j’ai vu ma mère parler avec une voisine, c’était une engueulade, ma mère est revenue les larmes aux yeux, ma mère ne m’a rien dit mais j’ai compris que les histoires de se déguiser en fille, il fallait que j’arrête.
Alors toute ma vie d’ado, j’ai essayé de me conforter à ce que la société attendait de moi. Je suis donc tombé amoureux de fille. Ma sexualité hétéro s’est passée normalement, j’ai même vécu trois ans avec une fille, et je me projetais avec des enfants, 2 ou 3. Et puis un jour, je rencontre Bruno, et là, évidence, coup de foudre, je suis homo.
Et du jour où j’ai été homo, je me suis dit, je n’ai pas le droit d’avoir des enfants.
Et puis, vers l’âge de 30 ans, ma meilleure amie, quelqu’un dont j’aime vraiment l’humour et la vision du monde, et qui est lesbienne me demande si je veux bien être géniteur de l’enfant qu’elle avait envie d’avoir. J’ai réfléchi mais j’ai dit non, car je ne me voyais pas comme géniteur, je me voyais comme père. Mais quelque chose s’est ouvert. Et on s’est dit avec Bruno, mais attends, on n’est pas impuissant, on s’aime, on est un couple équilibré, on veut des enfants, alors ?
Et on s’est mis à réfléchir.»

«Alors, on s’est penché sur l’adoption. A l’époque ce n’était pas légal pour les homosexuels. Il fallait être un homme célibataire. Bruno a donc fait des démarches seul. Au bout d’un an, il a eut un rdv avec une psy qui est venue chez nous. Il a fallu déguiser notre appartement en appartement de célibataire et jouer la comédie.
La psy lui parlait comme à un célibataire, et à un moment donné, Bruno a dit non je ne suis pas célibataire, ça fait 12 ans que je vis avec le même homme que j’aime, on veut adopter ensemble. Et je ne veux pas mentir, on ne veut pas mentir à la société, mais avant tout, on ne veut pas mentir à notre futur enfant, ce n’est pas possible. Donc, là, rayé. Au-revoir.
Alors, on a continué de réfléchir. Comment faire ?»

«Chaque année le jour de la rentrée, on va voir les instits et on dit nous sommes une famille homoparentale, avec deux mamans, deux papas. Nous sommes en alternance, et notre enfant nous appellent papa papa, maman maman Alors pour la fête des pères et des mères, soit vous vous enquillez deux cadeaux ou alors vous mettez un S à papa et maman !»


Hervé

«Quand je me suis inscrit sur les sites de rencontres, clairement je cherchais une femme qui ait déjà des enfants. Moi je veux pas être géniteur, je suis pas pour la procréation. Je veux pas rajouter une personne sur cette planète. Et puis trop de gens tuent des gens.
Je suis même passé par une vasectomie, comme ça, c’est tout à fait clair. Par contre, les enfants, je kiffe, les ados, je kiffe.
Je me vois dans le rôle de quelqu’un qui accompagne. Je pars du principe qu’on est tous éducateur de tout le monde. C’est un peu comme une mission, je me dis que je peux amener des choses aux autres. J’ai pas besoin des liens du sang pour ça.»

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