historique

Tout est parti d’un atelier audiovisuel animé par Valérie Gaudissart à la maison d’arrêt des femmes de Dijon en 2008. Atelier pour lequel il n’était ni question de filmer les prévenues, ni les cellules, ni les effets personnels. Des contraintes venant parfois les bonnes idées, Valérie a imaginé l’atelier en deux temps: une semaine d’ateliers d’écriture pendant laquelle elle a filmé les mains des prévenues en train d’écrire et a enregistré leurs voix. Et dans un deuxième temps, après un décryptage des enregistrements et un agencement des écrits, deux comédiennes, Blandine Pelissier et Sylvia Etcheto sont venues à la Maison d’Arrêt pendant une semaine et ont joué devant les prévenues les textes écrits par elles. Les comédiennes, elles pouvaient être filmées.

Ce dispositif qui au départ paraissait contraignant s’est avéré fort riche et permettait de mettre de la distance entre les prévenues et leurs histoires, permettait de les transmettre et de leur renvoyer une image différente de celle qu’elles avaient d’elles-mêmes, souvent dégradée. «Mais en fait, je suis pas si con!› A dit l’une d’elle. Et non, elle était même loin d’être con mais n’en avait aucune conscience. Du coup, de cette première expérience prometteuse et du film «LES MAINS NUES» qui en a découlé, est né le désir de continuer dans cette voie, de transformations des écrits, des vécus, des émotions, au plus près des personnes et que les choses soient faites en partie par elles, pour elles et avec elles.

C’est ainsi, que nous avons lancé une deuxième expérience créative, inscrite dans cette lignée, en direction de femmes victimes de violences. Accueillis chaleureusement par la Résidence de l’Écluse en 2011, nous avons animé des ateliers artistiques avec les mères et les enfants, accompagnées par la résidence et nous avons, non pas cette fois réalisé un film mais monté une pièce de théâtre, «LES ÊTRES HUMAINES». Basé sur des témoignages, joué par des professionnel.les du spectacle vivant et des femmes concernées de très près par la question, nous avons tourné ce spectacle sur trois ans ! Et rencontré plusieurs milliers de spectatrices et spectateurs. Que de souvenirs et quel impact sur le territoire ! Nous en sommes sortis convaincus de la nécessité de continuer dans cette veine qui relie les vécus, souvent douloureux, qui les transforme par la création artistique et les transmet, les fait entendre, les reconnaît, et pour quelque temps, les répare.

Et nous voilà maintenant arrivés à notre création suivante, démarrée en 2016, «BERCER L’ENFANT MANQUANT», qui est aussi partie de témoignages, recueillis cette fois auprès de mères et de sage-femmes sur la complexité des liens mère/enfant. Car tout n’est pas si facile, si rose, si naturel et les bouleversements traversés par les mères sont divers et universels. Et comme ils sont souvent tus, gardés secrets, il nous a semblé essentiel de les faire entendre, par ce spectacle, conçu comme un espace de rêverie, assez utérin, berçant qui permet la réflexion, le voyage dans ses propres sensations et souvenirs, et l’apaisement en même temps.

Et puis de rencontre en rencontre, de nécessité en nécessité, de confiance en confiance, nous avons décidé de réunir des compétences artistiques et thérapeutiques, de monter RÊVER TOUT HAUT en 2018 pour nous permettre d’étendre nos actions et propositions. Car les lieux et les espaces à explorer, les problématiques à aborder ne manquent pas et nous sommes toujours autant surpris par les capacités créatives de chacun et de chacune, même quand on les croit éteintes. Il y a toujours moyen de rallumer l’imaginaire et la communication de son monde intérieur à ceux et celles qui nous entourent ou qui nous sont lointains.

plan du site

Rêver tout haut a reçu
pour sa création en 2018
le soutien du
Conseil Départemental
de Saône-et-Loire.