Captation réalisée par Mickaël Pillisio
Si vous voulez contribuer au financement participatif de la tournée, c'est par ici : collecte tournée Les êtres humaines. En vous remerciant !
Une être humaine,
c'est une femme qui n'a pas le droit de regarder par la fenêtre,
qui doit oublier le mot NON,
qui est en danger dans sa propre maison et qui un jour, emportant ses gamins, son baluchon, trouve la force de s’enfuir, et s’échappe d’un domicile conjugal nocif, mortifère, violent.
C’est celle qui sauve sa peau et qui avec le temps, va reconstruire une vie ailleurs, autrement,
qui va monter sur scène pour raconter,
et qui par sa parole, aidera les autres à se protéger, à comprendre et à leur tour, s’éloigner…
C’est donc une femme qui va changer de statut, dans son propre regard et dans celui des autres, et qui ne sera plus ni victime ni paillasson, mais être humaine, entière et transformée.
Les Êtres humaines est un spectacle basé sur des rencontres et des échanges avec une centaine de femmes victimes et une trentaine de travailleuses sociales, lors d’ateliers artistiques menées en 2025 dans différentes villes de Bourgogne Franche-Comté : Besançon, Dole, Chalon sur Saône, Macon, Saint Vallier, Bourbon Lancy, en partenariat avec de multiples structures d’accompagnement de victimes (PEP 71, réseaux VIF, Solidarité Femmes, Coop’Agir…)
Les témoignages recueillis ont été transformés pour la scène et le spectacle est joué par des artistes professionnelles et par des femmes ayant survécu à la violence conjugale.
Ces femmes, anciennement victimes et qui se débattent toujours avec les retentissements de cette violence, prennent la parole, sortent de leur invisibilité, du silence imposé, et apportent la preuve sur scène d’une forme de reconstruction, et de la nécessité de transmettre leur expérience, pour les autres.
Le spectacle, explore toute la complexité, l’intimité, les ambivalences des situations d’emprise et fait émerger l’énergie à déployer pour s’en sortir. Il est en soi une sorte de leçon : il aide à comprendre les mécanismes de la violence conjugale, il aide à penser, il donne des outils pour agir, pour tendre la main.
La violence conjugale est un désastre humain et social. Il concerne la société toute entière, surtout dans une société qui a tendance à privilégier l’agression plutôt que la protection.
Les Êtres Humaines est pour Rêver Tout Haut une manière d’apporter son soutien à cette lutte et prise de conscience globale et de participer à de la prévention, notamment à destination des jeunes.
Les ateliers artistiques et la création du spectacle ont été possibles grâce à de nombreux soutiens : le Fonds Social Européen, la Délégation Départementale aux Solidarités 71, les PEP 71, Solidarité Femmes Besançon, le Conseil Départemental de Saône et Loire, le Conseil Régional de Bourgogne Franche-Comté, la DRAC Bourgogne Franche-Comté, le FDVA BFC, la CPAM 71, et l’agglomération Maconnais-Beaujolais.
L’action est portée conjointement par Rêver Tout Haut et l’association ILS SCENENT.
A partir des rencontres et des témoignages recueillis en 2025, nous avons écrit un texte et des chansons. Pour la scénographie, nous nous sommes inspirées de ce qui a été créé en ateliers, notamment les photos et les peintures. La musique y joue une grande place, et donne rythme, consolation, et vitalité aux multiples récits qui se croisent, se répondent et se complètent.
Sur scène, cinq artistes professionnelles et sept femmes anciennement victimes, racontent et incarnent toute la facette émotionnelle que la violence et l’emprise engendrent.
Nous voici donc 15 dans l’équipe !
Sur scène, 12 personnes : Keith Akenda, Jenny Bailly, Hayate Benikhlef, Marie Charles-Mangeon, Marie-Adeline Gnolud, Sidonie Dubosc, Inga Gasciuc, Valérie Gaudissart, Aurélie Loutan, Lydie Nkoumou, Morton Potash, Flore Simon
Lumières: Florian Girard
Scénographie : Romane Lasserre
Photographie : Lucie Moraillon
Texte et mise en scène: Valérie Gaudissart
Composition: Morton Potash et Sidonie Dubosc
Assistanat mise en scène: Flore Simon
Les résidences de création ont eu et auront lieu ici (et merci à tous les lieux qui nous accueillent !) :
Les spectatrices et spectateurs sont invité.es à la suite de représentations à un long temps d’échanges, d’écoutes et de conseils. Nous jouerons le spectacle deux fois par jour, pour pouvoir accueillir en après-midi les scolaires, les professionnel.les et toute autre personne, et en soirée pour le tout public. Les représentations sont gratuites pour le public et sont co-organisées avec des structures locales d’accompagnement de victimes.
Les représentations auront lieu :
D’autres dates à venir à Macon, Chalon sur Saône, Besançon, Dole, Cuisery, Yzeure, etc…
Pour tout renseignement :
Coordinatrice
Marina de Lajudie (Rêver Tout Haut)
07 82 16 11 16
coordination.revertouthaut@gmail.com
Administrateur
Laurent Forest, (Ils Scenent)
06 29 75 83 96
ilsscenent@yahoo.fr
Au printemps 2025, ont été proposés en partenariat avec des structures d’accompagnement de victimes, des structures socio-culturelles, et des Réseaux VIF, 7 cycles d’ateliers artistiques :
Ces ateliers de plusieurs jours entiers, proposaient musique, écriture, chant, argile, peinture, art-thérapie, collage, gravure, photographie, et ont permis de nombreux recueils de témoignages, aussi bien de femmes victimes que de travailleuses sociales. Nous avons accueilli des femmes de 18 à 86 ans, et certaines avec leurs enfants, de quelques mois à jeunes adultes.
Les ateliers étaient encadrés conjointement par une équipe d’artistes :
Ces ateliers ont été très forts en terme de rencontres, de dépôts de paroles, de liens créés, et de créations. Certaines femmes accueillies avaient vécu de la violence dans le passé et d’autres n’en étaient pas sorties.
Ce que nous avons pu observer, c’est la puissance des traumas. Les traumas sont inscrits, gravés en elles. Certaines sont venues en ayant envie d’être utiles aux autres, car leur recul était suffisant pour raconter, analyser, mettre des mots. D’autres n’en sont pas là, et expriment encore une peur, une terreur, des tremblements du corps, des pleurs, des prostrations. Mais au fil des jours, sont apparues des transformations : des sourires, des rires, des créations plus ouvertes, plus affirmées.
Une autre observation est que la violence conjugale concerne le monde entier, toutes les cultures, tous les statuts sociaux, tous les milieux culturels, et tous les âges… C’est un système qui enferme, qui réduit, qui invisibilise, qui annihile. C’est un système dans lequel peut se superposer d’autres problématiques : isolement, précarité, exil. Nous avons accueilli des femmes nées en France mais aussi des femmes exilées, du fait de la violence conjugale dans leur pays d’origine ou des femmes exilées qui arrivées en France, ont fait l’expérience fracassante de la violence. Le déracinement, le changement de contexte, notamment culturel, fait qu’un désir d’émancipation peut s’exprimer et qu’à son inverse, l’emprise conjugale se fait plus forte.
Nous avons pu observer par les récits et les créations, le système très bien rodé de l’emprise conjugale : Les premiers temps tout beaux, tout roses mais qui s’installent là où il y a une vulnérabilité chez les femmes (deuils, mauvaise estime de soi liée depuis l’enfance, etc…), puis l’isolement, puis la pression psychologique, le dénigrement, les coups, la confusion qui consiste à souffler le chaud et le froid, le chantage sur la garde d’enfants, le glissement de culpabilité (l’homme violent fait en sorte que la femme se sente coupable, défaillante, et parfois, la Justice y croit), la dépossession de ses propres enfants…
Nous avons proposé différentes médiations et toutes ont fonctionné, chacune avec ses particularités.
L’argile permet une expression directe avec la matière et l’inconscient. L’argile est malléable, se transforme, mais ne se détruit pas. L’argile permet aussi de raconter son histoire sans les mots.

La photographie permet d’être regardée, et regardée dans toute sa dignité. Elle permet aussi par des effets de profondeurs, de flous, de raconter ce qui était invisible, et qui devient visible.
Le dessin, la peinture permettent de se pencher sur une feuille, concentrée, de laisser parler les couleurs, d’apprendre des gestes nouveaux et de choisir entre différentes matières : fusain, crayons, encre, aquarelle, acrylique… , cela n’a l’air de rien mais choisir est un pas vers une autonomisation quand on n’a jamais pu décider de quoi que ce soit dans sa vie.

Ce travail visuel permet aussi de réunir plusieurs matières : peinture, collage, écrit, et réunir est très important quand on a l’impression d’avoir été morcelée.
La typographie et la gravure sont l’art d’utiliser des caractères d’imprimerie ou des images taillées dans des linos, et de les graver. Cela apprend que les mots ont un poids, une gravité, un sens, et leur utilisation n’est pas anodine. Cela permet d’écrire en grosses lettres ce que l’on a envie de dire ou de crier.

Le collage permet de choisir des illustrations, de les agencer, et de construire un récit, de se raconter, de dresser une sorte d’autoportrait par des images et des mots glanés dans des revues et des livres.
Les portraits dessinés, faits par notre intervenante, Romane Lasserre permettent d’être des nouvelles cartes d’identité, de laisser une trace de soi par le regard et le trait de l’autre. Toutes les femmes dessinées ont amené avec elles ce petit « trophée ».
La musique et l’écrit, lieux d’expression et de consolation par excellence, ont jalonné et bercé chacune de nos journées. Des chansons ont été composées à partir des textes écrits, chantées ensemble, enregistrées. Voici quelques extraits de textes :
C’est en 2011 que Valérie Gaudissart, cinéaste et metteuse en scène a l’idée de contacter la Résidence l’Ecluse à Chalon sur Saône qui accueille des femmes et leurs enfants, victimes de violences intra-familiales, en proposant de mener un cycle d’ateliers artistiques de plusieurs mois. Ce que l’Ecluse a accepté avec enthousiasme, tant la nécessité de faire s’exprimer et d’entendre les paroles des femmes et des travailleuses sociales qui les accompagnent était cruciale à l’époque (et l’est toujours d’ailleurs).
Ces ateliers ont permis à l’équipe artistique de proposer à une vingtaine de femmes, des échanges de paroles et de récits, de la peinture, de la photographie et une pratique théâtrale et musicale. Devant la motivation des femmes rencontrées, et la motivation des équipes de travailleuses sociales accompagnant ces mères dans un long chemin de reconstruction, il s’est petit à petit monté avec évidence un spectacle, réunissant une équipe de comédiennes professionnelles et plusieurs femmes anciennement victimes, résidentes à l’Ecluse. Et c’est devant un public de 300 travailleurs sociaux de tout le département de Saône et Loire que nous avons joué une première version de notre spectacle en novembre 2011.
Et là, nous avons été assaillies de demandes : ce spectacle pouvait être un formidable outil non seulement pour les femmes qui y participent mais aussi pour toutes celles et ceux qui allaient le voir et le recevoir.
L’équipe était composée des comédiennes Blandine Pélissier, Sylvia Etcheto, de la metteuse en scène Valérie Gaudissart, du pianiste et compositeur Morton Potash, de la scénographe Sophie Beau-Blache, du créateur lumières Florian Girard, et de Samia, Saliha, Fatma, Mariama, Mireille, Houria, Aurélie. Nous sommes donc parti.es sur les routes de Saône et Loire et avons joué devant des centaines de spectatrices et spectateurs, avons rencontré énormément de personnes concernées, de tout âge. La venue du spectacle a permis de créer une dynamique dans chacune des villes et des réseaux d’entraide ont vu le jour, des appartements d’urgence ont été ouverts, des femmes et des jeunes ont pu être entendu.es, aidé.es…
Nous avons organisé trois tournées, à l’automne, 2011, 2012 et 2013, avec le soutien de la Délégation Régionale aux Droits des Femmes et à l’Egalité, du Conseil Départemental 71, du Conseil Régional de Bourgogne et du FAP, de la CAF, du REAAP 71, de l’ACSE, du Grand Chalon, de la Ville de Chalon sur Saône, et de la Résidence de l’Ecluse.
Nous pensions naïvement que notre action allait mettre un frein à la violence conjugale mais force est de constater que si des choses ont changé dans le bon sens, en terme d’accompagnement des victimes, il reste un chemin immense à parcourir pour faire vaciller ce système de destruction et d’emprise. C’est pourquoi nous nous sommes lancées en 2025, dans une nouvelle action, avec un nouveau dispositif, un nouveau texte, des nouvelles chansons et des nouvelles comédiennes.