rencontres

De janvier à juin 2023, ont lieu à la Résidence Senior du Val de Joux (Saint Bonnet de Joux) des ateliers de créations musicales inter-générationnelles, de chansons qui évoquent, sous la forme de portraits, les vécus et histoires de vie de chacun des résidents.

Ces ateliers, animés par Estelle Bernigal, musicienne, Sidonie Dubosc, chanteuse et Valérie Gaudissart, parolière, ont réuni autour de la création de chansons, les résidents, des seniors venus de l’extérieur et des enfants de l’école de musique. Un spectacle a été donné en juin 2023.

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Les rencontres ont été le moteur de ce projet, qu’il s’agisse de rencontres avec les résidents et des personnes extérieures, de rencontres entre des enfants et des seniors, de rencontres entre les participants et des artistes, de rencontres entre les personnes elles-mêmes et leurs chansons, évocatrices de leurs histoires personnelles, et des rencontres marquantes que chacun.e a pu faire dans son existence et notamment lors des bals. Car nous avons pris comme point de départ, les récits et les souvenirs des rencontres faites dans ces hauts lieux de sociabilité et de vitalité rurale, les bals du samedi soir ayant laissé dans les mémoires des traces encore très vives.

Nous avons évoqué aussi pour écrire ces portraits de tout ce que les personnes ont accompli comme gestes dans le travail, et notamment le travail rural, de tout leurs savoir-faire, de tous les outils qu’elles ont eus en mains.

Pour composer les musiques de ces portraits chantés, nous sommes parties des goûts musicaux de chacun lorsqu’ils peuvent être exprimés (par exemple une chanson en valse piquée) et nous partirons aussi de ce que nous ressentons des personnes : douceur, joie de vivre, dynamisme, mélancolie..

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chansons composées avec les résident.es

le grand chêne

chant et musique par Sidonie Dubosc, paroles: Valérie Gaudissart

Dans le jardin d’Alfred, le grand chêne est tombé
Le gros bonhomme
L’enraciné

Dans le jardin d’Alfred, le grand chêne est tombé
Le demi-dieu
Et le grand frère
le confident des jours d’hiver

L’arbre centenaire
qui a vu les gamins grandir,
Les jeunes partir
Et les vieux vieillir

L’arbre aux 100 printemps
Aux feuilles envolées dans le vent
Une soirée d’orage, soudain a cédé

Et le voilà, quatre fers en l’air
Sorti de terre
La balançoire de mousse et de bois est endeuillée
Et l’écureuil les bras chargés a dû déménagé
Et les oiseaux ont perdu leur perchoir à chanter

Dans le jardin d’Alfred, tout le monde est entré
Tous Les ancêtres, grands-pères, grands-mères

Dans le jardin d’Alfred, tout le monde est entré
Tous les gamins, tous les bébés
Renards et pies et sangliers
Et toutes les vaches qui aimaient venir s’y gratter
Quelle belle cérémonie !
on l’a remercié
Pour les siestes ombragées
Pour tous les jeux et les cabanes
Et d’avoir su si bien nous protéger

Et finalement,
Il est devenu bûche pour nous chauffer
Finalement, il est devenu chaise pour reposer
Finalement, il est devenu table pour manger
Finalement, il est devenu meuble pour ranger

Mais on pense à lui chaque matin
Pour le café
Et chaque soirée près de la cheminée

Dans le jardin d’Alfred
Un jour du mois de mai,
Une nouvelle feuille apparaît

Dans le jardin d’Alfred
Un jour du mois de mai,
Une petite tige sort son nez
C’est un petit chêne qui vient de germer.

le crapaud

chant: Sidonie Dubosc, musique: Estelle Bernigal, paroles: Valérie Gaudissart

Anna a trouvé un petit crapaud
Un crapaud tout pataud
Sur une piste de bal où il s’était fait beau
Mais il était pas doué
Il savait pas danser
Il s’emmêlait les pattes
Et se trompait de côté

Mais il était pas doué
Il savait pas danser
Il savait pas valser
Et faisait qu’sautiller
Il écrasait les pieds
Quand il dansait le tango
Dieu qu’il était gauche
Quand il tournait à droite
Dieu qu’il était raide
Quand il tournait à gauche

Anna a trouvé un petit crapaud
Un crapaud tout penaud
Sur une piste de bal où il s’était fait beau
Il savait pas danser
Et s’emmêlait les pieds
Mais savait bécoter
Ça faisait son affaire
Elle qu’aimait les baisers
Il savait pas valser
Mais savait croasser
Des mots tout doux tous beaux
Ça la rendu toute chose
Alors elle fut charmée
Depuis son cœur chavire
Pour un petit crapaud, rencontré dans un bal
Où il s’était fait beau

la fête au pays

chant et musique: Estelle Bernigal, paroles: Valérie Gaudissart

Marie a les yeux qui pétillent
les gambettes qui frétillent
Car aujourd’hui les filles,
Sortez vos beaux chapeaux, et vos beaux habits
Mettez des fleurs dans vos cheveux
Allez chercher vos amoureux

Marie a les yeux qui pétillent
les gambettes qui frétillent
Car aujourd’hui les filles
C’est la fête au pays
C’est la fête au pays
Le plus beau jour
La plus longue nuit
Le plus long rire
La plus belle nuit

Le sommeil nous oubliera
Le matin ne reviendra pas
On dansera jusqu’à tomber
On dansera l’éternité

Marie a les yeux qui pétillent
les gambettes qui frétillent
Car aujourd’hui les filles
C’est la fête au pays
C’est la fête au pays

Plus rien ne compte
Le temps s’arrête
L’amour s’invite
Le cœur est fou
L’amour est ivre
Les cœurs vacillent
Marie a les yeux qui pétillent
les gambettes qui frétillent
Car aujourd’hui les filles
C’est la fête au pays
C’est la fête au pays

l'enfance n'est pas si loin

paroles: Valérie Gaudissart, musique par la classe d’enfants encadrée par Estelle Bernigal

Laisser ses empreintes dans la neige
Ne rien laisser fondre
Ne rien perdre
De ses souvenirs lointains

L’enfance n’est pas si loin
Et chaque hiver revient
Le bruit des sabots sur le sol verglacé
La lanterne qui éclaire le chemin
Le grand froid au bout de nez
Et les rires transformés en buée

L’enfance n’est pas si loin
Elle est comme prise au piège
Du temps qui se souvient
Laisser ses empreintes dans la neige
Ne rien salir
Ne rien ôter
Regarder le flocon qu’on garde dans sa main
Porter à sa bouche le petit bout de pain
Et ne jamais oublier, transporter avec soi
La gamelle du midi et les jeux de gamins

L’enfance n’est pas si loin
Tu la gardes en toi, comme ce qui te nourrit
Te protège, et te réchauffe
Tu la gardes trésor, tu la gardes pépite
Comme les oiseaux de l’hiver
Veillent sur chacun de leurs grains

la guerre c'est pas la vie

chant et musique de Sidonie Dubosc, paroles: Valérie Gaudissart

Cachée dans une cave
Cachée dans un grenier
La guerre, c’est pas la vie
Disait Raymonde
Nichée dans son trou de souris
La guerre est une longue nuit
Je veux revoir la lumière
Danser tous les samedis
Respirer dans l’air libre
dormir dans les prairies
La guerre, c’est pas la vie
Disait Raymonde
Cachée dans son trou de souris

La guerre, c’est pas la vie
Je veux ma liberté
Pour moi et mon pays
Je veux pouvoir aimer
Je veux pouvoir rêver
La guerre, c’est pas la vie
Disait Raymonde
Cachée dans son trou de souris

Moi je vais résister
Et je serai plus forte que la force ennemie
Je passerai des messages
Du pain et des habits
À travers le maquis
Et si je me fais arrêter
J’inventerais des mensonges
Je jouerais la comédie
Et la voilà sortie
Transportant des paniers,
Et des petits mots codés

La la la la (chant des partisans)

Et voilà qu’on l’arrête
Qu’en prison on la jette
Mais rien ne lui fait peur
Elle est bien trop habile
Et trop déterminée
Pour se faire enfermer
La revoilà dehors
Transportant son panier à travers le maquis
Relayant des messages au réseau des amis

La guerre, c’est pas la vie
Disait Raymonde
Je veux ma liberté pour moi et mon pays
Disait Raymonde
Je veux ma liberté pour moi et mon pays

les maths et l'amour

chant et musique: Estelle Bernigal, paroles: Valérie Gaudissart

Jean-Paul n’aime pas les chiffres
Jean-Paul ne sait pas compter
Les maths, il n’y comprend rien
Avec les divisions, il est pas très copain
L’algèbre et la géométrie
Sont un peu ses ennemis

Jean-Paul ne sait compter
Lui, ce qu’il a appris
et ce qu’il sait depuis tout petit:

Un Plus un, quand on s’aime,
Ça fait bien plus que deux

Un Plus un, quand on s’aime,
Ça fait dix mille soleils
un milliard de petits déjeuners
Et de «T’as bien dormi ?»
un milliard de petits déjeuners
«De quoi t’as rêvé cette nuit? »
Ça fait des centaines de «je t’aimerai toute la vie»
«Tu me manques, tu me manques»

Jean-Paul ne sait pas compter
Car l’amour, ça se multiplie
Impossible de le calculer
Impossible à diviser
Jean-Paul ne sait pas compter
Sauf l’amour
Qui est un chiffre infini

Un plus un, quand on s’aime,
Ça fait bien plus que deux
Un plus un, quand on s’aime,
Ça fait dix mille soleils
un milliard de petits déjeuners
Et de «T’as bien dormi ?»
un milliard de petits déjeuners
«De quoi t’as rêvé cette nuit? »
Ça fait des centaines de «je t’aimerai toute la vie»
«Tu me manques tu me manques depuis que tu es partie»

à la foire de Saint Bonnet je suis allé

chant et musique: Estelle Bernigal, paroles: Valérie Gaudissart

À la foire de Saint Bonnet je suis allée
J’avais dans mon panier
Des treufs, des oeufs
Trois petits cochons et un gros boeuf

Mes sabots étaient tout crottés
Mais j’avais toujours mes beaux yeux bleus

Et je les ai bien écarquillés
Pour regarder tous les messieurs

Y’avait l’Alfred, y’avait le Matthieu
Et puis le Marcel qui est tout bigleux

A la foire de Saint Bonnet je suis allée
Les clients se pressaient
Pour contempler mes beaux yeux bleus
Mes treufs, mes oeufs
Trois petits cochons et un gros boeuf
Mes treufs, mes oeufs
Trois petits cochons, j’ai tout vendu
A la foire de Saint Bonnet,
Mes sabots je les ai enlevés
A la foire de Saint Bonnet,
Et sur le parquet de danse, je me suis lancée
Y’avait l’Alfred, y’avait le Matthieu
Et puis le Robert qui est tout boiteux
Et ma tête s’est mise à tourner
Devant tous ces jolis messieurs
Qui dansent si bien la bourrée
Et nous font valser jusqu’aux cieux

De la foire de Saint Bonnet
A la maison je suis rentrée
Mes sabots me faisaient mal aux pieds
Et mon panier était plus lourd qu’à l’arrivée
Car dedans s’y étaient cachés
Y’avait l’Alfred , y’avait le Matthieu
Et puis Raymond qu’a plus de cheveux
Y’avait l’Alfred , y’avait le Matthieu
Qui sont devenus mes amoureux

Un jour qui sait je me marierai
Avec un de ces gars du Charolais
Mais à la foire de Saint Bonnet, je retournerai
Vendre mes treufs, mes oeufs
Des petits cochons et un gros boeuf
Et puis danser sur le parquet
Et faire cligner mes beaux yeux bleus

dring!

chant et musique: Sidonie Dubosc, paroles: Valérie Gaudissart

C’est l’heure de se lever
Le réveil a sonné
Un petit d’eau sur le bout du nez
Une chicorée vite avalée
Son petit chapeau tout coloré
Voilà Ginette déjà lancée
Dans l’escalier à dévaler
Sur le trottoir à trottiner
Vite le métro
Vite le ticket
Et le wagon déjà bondé
Et les stations en défilé

Vite au boulot !
Pas le temps de rêver
Voilà Ginette à l’atelier
Bonjour tout le monde !
Bonjour les filles !
Petites mains habiles
Et doigts agiles
Et puis les rires entre les fils
Les peaux de lapin à retourner
Les manteaux de ville à dessiner
Et la fourrure douce à toucher
Les blagues des filles dans l’atelier

Et le samedi partir guincher
Bord de la Marne
Guinguette bondée
Voilà Ginette prête à valser
Têtes qui tournent
Et cloques aux pieds
Minuit passé
Rentrer se coucher
Et puis dimanche, au lit traîner
Sur les quais de Seine, se balader
Se coucher pas tard
Récupérer
Avant lundi se prélasser

C’est l’heure de se lever !
Ginette est réveillée
En train de courir sur le pavé
Et prête à tout recommencer
Lala la la la la

à la guerre comme à la guerre

chant et musique: Estelle Bernigal, paroles: Valérie Gaudissart

À la guerre comme à la guerre
disaient les gens
Mais moi je me souviens
Lorsque j’étais enfant
Des assassins de la Butte de Suin
Et puis de la peur et de la faim
Et de ces gens fuyant les villes
Et leurs valises laissées en chemin

À la guerre comme à la guerre
disaient les gens
Mais moi je me souviens
Du regard de ce musicien
sur son violon, son précieux bien
Qu’il échangea contre un bout de pain
Une motte de beurre, un verre de vin

À la guerre comme à la guerre
disaient les gens
Lorsque j’étais enfant
Mais le violon s’est fait silence
Le beurre est devenu rance
Et moi je me souviens
Des assassins de la butte de Suin

nos pères sont revenus de la guerre

chant et musique: Sidonie Dubosc, paroles: Valérie Gaudissart

Nos pères sont revenus de la guerre
Nos pères sont revenus de la guerre
On avait grandi
Et eux avaient vieilli
Ils nous ont pas reconnus
Nos sourires avaient changé
Nous ne savions plus jouer
Un soir sur le chemin sans un bruit, leur silhouette est apparue
Nous ne les attendions plus
Le temps trop lent devenu
Pour notre enfance suspendue
Ils n’avaient perdu tous les mots
Nous ne savions plus leur parler
Nous avons réappris à dire papa
À se blottir dans le creux de leur bras
Nos pères sont revenus de la guerre
Nos pères sont revenus de la guerre
Ils ont gardé en eux le grand vacarme des combats

Et nous avons fêté après leur longue absence
Les retrouvailles du silence
Nos pères sont revenus de la guerre
Nos pères sont revenus de la guerre
Nous avons réappris à jouer, à rire et à chanter
Il a fallu rattraper la gaieté et l’envol des années
Et redonner leur place
À nos pères faits prisonniers
À nos pères enfin retrouvés
Un soir sur le chemin
Sans un bruit
Dans la lumière de l’été
Nos pères sont revenus de la guerre
Nos pères sont revenus
Nos pères sont revenus

les petites bêtes

chant: Sidonie Dubosc, paroles: Valérie Gaudissart, musique: Morton Potash

Jacques aime les petites bêtes
Les chats, les chiens, les ânes et les belettes
Et les préfère aux gens qui parfois sont méchants

Jacques aime les petites bêtes
Les poules, les mouches, les biches, les chouettes
Et les préfère aux gens qui parfois sont dec’vants

Jacques aime les petites bêtes
Les oies les ch’vaux, les buses, les alouettes
Et les préfère à tout dans le règne vivant

Jacques aime les petites bêtes
Il est leur ami, leur père, leur frère secret
Jacques aime les petites bêtes

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